Le Soleil, ennemi invisible des satellites d’Elon Musk

Une étude de la NASA, appuyée sur les données de Starlink, révèle un lien inattendu entre les chutes de satellites et l’augmentation progressive de la résistance atmosphérique causée par le Soleil.

Image 1 : Le Soleil, ennemi invisible des satellites d'Elon Musk
© SpaceX
La NASA découvre un lien direct entre tempêtes solaires et pertes de satellites

Depuis plusieurs années, les scientifiques observent un phénomène préoccupant : un nombre croissant de satellites s’écrasent dans l’atmosphère terrestre. Pour percer ce mystère, la NASA s’est penchée sur l’influence de l’activité solaire, en s’appuyant notamment sur les données de la constellation Starlink. Leurs conclusions, publiées le 3 juin dans Frontiers in Astronomy and Space Sciences, révèlent un lien bien réel entre les perturbations spatiales et le comportement du Soleil.

Le cycle solaire dure environ onze ans. Pendant cette période, le champ magnétique du Soleil s’inverse, ce qui provoque des pics d’intensité marqués par des taches solaires, des éruptions puissantes et des projections de matière. Ces événements, bien que naturels, peuvent avoir des conséquences majeures sur les objets en orbite, en particulier lorsque le Soleil entre dans ce que les spécialistes appellent la « zone de combat », c’est-à-dire son pic d’activité magnétique. Or, cette phase a commencé plus tôt que prévu, dès 2025, avec une intensité supérieure aux prévisions.

581 satellites Starlink perdus en seulement quatre ans

Entre 2020 et 2024, la NASA a suivi le comportement de 523 satellites Starlink. Cette période correspond à la montée en puissance actuelle du Soleil. L’analyse a révélé que cette activité solaire accrue réchauffe la haute atmosphère terrestre, un effet imperceptible au sol mais qui modifie la densité de l’air autour des satellites. En conséquence, ces derniers subissent une résistance accrue, ce qui freine leur course et peut provoquer leur chute s’ils ne corrigent pas régulièrement leur trajectoire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 78 satellites Starlink sont tombés en 2021, 99 en 2022, 88 en 2023, puis 316 en 2024. Cette forte progression alerte les chercheurs sur les risques croissants pour les satellites en orbite basse. Toutefois, un détail a surpris l’équipe : la majorité de ces retombées (environ 72 %) se sont produites durant des phases de faible activité géomagnétique. Cela suggère que ce n’est pas seulement l’intensité des éruptions solaires qui compte, mais aussi leur effet cumulé sur la durée. Une sorte d’usure progressive, silencieuse mais inéluctable.

Pour les chercheurs, la constellation Starlink représentait un terrain d’observation idéal grâce à son volume et aux données précises fournies par chaque appareil. Ces travaux pourraient ainsi servir de base pour mieux anticiper les effets de l’environnement spatial sur les satellites et améliorer leur résilience.

Source : GEO