En transformant un matériau aussi ancien que le bois, un chercheur a peut-être ouvert la voie à une révolution dans l’industrie des matériaux.

En 2018, Liangbing Hu, spécialiste en science des matériaux, a mis au point une méthode pour renforcer et alléger le bois au point qu’il surpasse l’acier en résistance. Ce matériau innovant, baptisé Superwood, pourrait bien redéfinir l’avenir de la construction durable.
Aujourd’hui, la start-up fondée par Hu, InventWood, ambitionne de substituer ce bois ultra-résistant à une grande partie des usages actuels de l’acier. Selon l’entreprise, Superwood pourrait remplacer jusqu’à 80 % de la demande mondiale en acier, ce qui pourrait réduire les émissions de dioxyde de carbone de plus de 2 gigatonnes.
Plus léger, plus résistant, plus vert : Superwood, le bois nouvelle génération est là
Ce bois nouvelle génération affiche des performances impressionnantes. Il est non seulement plus léger que l’acier, mais sa résistance à la traction est supérieure de 50 %. Sa stabilité face aux variations de température et son classement feu de catégorie A en font également un candidat idéal pour les constructions modernes.
InventWood a récemment levé 15 millions de dollars pour lancer sa première unité de production industrielle. Cependant, l’entreprise progresse prudemment. Plutôt que de viser immédiatement les structures porteuses, elle commence par des applications secondaires comme les façades et les éléments décoratifs. Cette stratégie permet d’éviter les pièges d’un développement trop hâtif dans un domaine aussi réglementé que la construction.
D’un point de vue technique, Superwood est issu d’un traitement bien particulier du bois naturel. Les chercheurs retirent une partie de la lignine, polymère qui confère sa rigidité au bois brut, afin de libérer les fibres de cellulose tout en maintenant leur cohésion. Ensuite, le matériau est compressé à basse température, ce qui modifie sa structure interne et le densifie. Le résultat est un bois beaucoup plus mince, mais incroyablement solide, durable et résistant à de nombreux facteurs de dégradation.
Outre sa robustesse, ce bois retravaillé résiste aux moisissures, à l’humidité, aux insectes xylophages comme les termites, et même aux flammes. Il offrirait également une protection contre les chocs violents, ce qui en fait un matériau très prometteur pour des usages variés allant bien au-delà du simple revêtement.
La commercialisation à grande échelle n’est pas encore pour demain, mais les avancées dans les procédés de fabrication, qui sont déjà passés de plusieurs semaines à quelques heures, laissent entrevoir une intégration plus rapide que prévu. Il se pourrait bien que ce bois du futur s’invite bientôt dans les rayons de vos magasins de bricolage, prêt à redéfinir les normes de l’éco-construction.
Source : Vice