Windows 10, une fin de support qui vire au scandale écologique

Le 14 octobre, Microsoft mettra fin au support logiciel de Windows 10. Les utilisateurs particuliers comme les entreprises devront alors passer à Windows 11, sous peine de ne plus recevoir de mises à jour.

Fin de Windows 10
© Envato
Windows 10 : la fin du support approche, un tournant coûteux pour les utilisateurs

Lancé en 2015, Windows 10 arrive donc en fin de vie. Microsoft promet encore, jusqu’en octobre 2026, quelques mises à jour de sécurité gratuites, mais uniquement pour ceux qui possèdent un compte Microsoft. En revanche, plus aucune amélioration de performance ni correction d’erreur ne sera proposée.

Cette situation inquiète plusieurs associations. Pour Halte à l’obsolescence programmée (HOP), le passage forcé à Windows 11 est un désastre environnemental. En effet, de nombreux ordinateurs, encore en bon état, ne peuvent pas accueillir le nouveau système d’exploitation. Ils manquent de la puce TPM 2.0 ou ont un processeur jugé trop ancien. Des millions de machines risquent donc d’être remplacées inutilement.

Microsoft défend pourtant son choix

L’entreprise affirme que Windows 11 est plus sûr, plus rapide et mieux protégé contre les cyberattaques. Mais pour beaucoup d’organisations, cette mise à jour a un coût énorme. Par exemple, un grand organisme public français devra changer près de 48 000 ordinateurs sur 57 000. Cela représente environ 46 millions d’euros entre les licences et le nouveau matériel.

Le problème, c’est que ces dépenses ne servent pas à améliorer les services, mais simplement à rester compatibles. À Paris, 10 000 ordinateurs ne pourront pas passer sous Windows 11. La Ville devra payer chaque année pour prolonger les mises à jour de sécurité, une facture de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Pour les entreprises privées, Microsoft propose un programme payant : 52 euros la première année de prolongation, 104 la deuxième, et 208 la troisième. Ces coûts s’ajoutent à la pression de renouveler du matériel qui fonctionne encore. Beaucoup y voient une preuve d’obsolescence programmée.

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L’enjeu environnemental est majeur

Selon l’Ademe, 95 % de l’empreinte carbone d’un ordinateur provient de sa fabrication, pas de son utilisation. Changer de machine trop souvent alourdit donc fortement l’impact écologique. Certaines administrations tentaient déjà de prolonger la durée de vie de leurs équipements à six ans, voire plus. Mais la fin de Windows 10 vient compromettre ces efforts.

La France avait pourtant adopté en 2015 une loi contre l’obsolescence programmée. En théorie, elle punit les entreprises qui réduisent volontairement la durée de vie de leurs produits. En pratique, aucune n’a encore été condamnée pour ce motif. Le seul cas notable reste celui d’Apple, sanctionné en 2020 pour ne pas avoir prévenu ses clients que certaines mises à jour ralentissaient leurs iPhone.

Pour HOP, il est temps d’agir. L’association propose qu’une loi impose aux géants du numérique d’assurer un suivi logiciel d’au moins quinze ans. Cela éviterait à la fois le gaspillage, la pollution inutile et des dépenses considérables.

Source : 20 Minutes