Le rover Perseverance multiplie les découvertes dans le cratère Jezero.
Perseverance explore Cheyava Falls et révèle des indices surprenants
Depuis plus de quatre ans, le rover Perseverance parcourt le cratère Jezero, sur Mars. Ce lieu, où se trouvait autrefois un lac, est l’un des plus prometteurs pour trouver des traces d’une éventuelle vie passée. Après les découvertes importantes de Curiosity en début d’année, Perseverance vient de mettre en lumière de nouveaux indices intrigants dans une zone appelée Bright Angel, au cœur d’une vallée baptisée Neretva Vallis.
Dans une partie de cette région, surnommée Cheyava Falls, les scientifiques ont observé des taches sombres sur certaines roches argileuses. Ces marques, comparées à des graines de pavot et à des taches de léopard, contiennent beaucoup de fer et de phosphate. Sur Terre, ce type de formations est souvent lié à l’activité de microbes qui modifient la composition des roches. Cela soulève une question : s’agit-il de simples phénomènes géologiques, ou bien de la trace d’anciens micro-organismes martiens ?
Les scientifiques ont aussi découvert que ces dépôts contenaient du carbone organique. Ce carbone est essentiel dans certaines réactions chimiques, appelées réactions rédox, qui provoquent des échanges d’électrons entre différentes substances. Sur Terre, ces réactions sont très importantes. Elles participent à la respiration des cellules, mais aussi à divers phénomènes géologiques. Sur Mars, les roches de Cheyava Falls portent des traces de réactions semblables. Elles se seraient produites à basse température, bien après que les sédiments se sont formés.
Que révèle vraiment cette trouvaille ?
Pour les scientifiques, ces traces sont fascinantes car elles ressemblent à des signatures laissées par des formes de vie, sans en apporter la preuve. Joel Hurowitz, planétologue, rappelle que sur Terre, ces structures sont souvent liées aux restes d’anciens microbes. Mais d’autres chercheurs, comme Lindsay Hayes de la NASA, insistent sur la prudence : ce que l’on observe pourrait être une « biosignature potentielle », c’est-à-dire une preuve possible d’une activité biologique, mais qui nécessite bien plus d’analyses.
Perseverance a déjà prélevé un échantillon de cette zone, baptisé Sapphire Canyon. Les résultats montrent que des réactions chimiques se sont produites, peut-être en lien avec de la matière organique. Toutefois, il est encore impossible de dire si la vie y a joué un rôle ou si ces transformations sont purement minérales.
Pour obtenir une réponse claire, il faudra attendre que les échantillons rapportés par Perseverance soient étudiés sur Terre, dans le cadre de la mission Mars Sample Return prévue dans la prochaine décennie. Seules des analyses en laboratoire pourront confirmer, ou non, si ces minéraux témoignent d’une activité biologique ancienne.
Mars continue donc de garder son mystère. Elle semble avoir réuni les conditions nécessaires pour être habitable, mais la question essentielle reste ouverte : a-t-elle réellement abrité la vie ?
Source : Space