Blu-ray : une durée de vie de 2000 ans, ça sert à quoi ?

Image 1 : Blu-ray : une durée de vie de 2000 ans, ça sert à quoi ?

Millenniata et Mitsubishi ont mis au point un Blu-ray M-Disc de 100 Go capable de résister aux affres du temps durant plus de 2000 ans. Ce nouveau support est entré en phase de production et devrait donc être prochainement disponible, mais quel en est l’intérêt et qui sera là dans 2000 ans pour le vérifier ?

Restera-t-il encore un lecteur Blu-ray dans deux millénaires ? On peut décemment en douter. Un disque n’est pas une pierre de rosette ou un code de Hammurabi, il a besoin d’une platine pour révéler les informations qu’il transporte, une obligation qui fait de ce support un objet temporel qui n’a aucun intérêt à traverser les siècles, contrairement à un livre, par exemple.

Image 2 : Blu-ray : une durée de vie de 2000 ans, ça sert à quoi ?

Comment détermine-t-on une telle durée de vie ?

Le Blu-ray est un support encore jeune, il n’existait pas il y a 2000 ans. Aussi, il est impossible d’avoir pu déterminer naturellement la durée de vie du BDXL de Millenniata et Mitsubishi. Ce sont des procédés de vieillissement accéléré qui ont été utilisés pour parvenir à ce résultat totalement théorique. Le disque est placé dans une étuve à haute température et avec un fort taux d’humidité, ce qui accélère artificiellement les phénomènes de vieillissement naturel auxquels il est soumis.

Les conditions édictées par l’ISO/IEC 16963 pour déterminer la durée de vie d’un disque, imposent deux tests : l’un à 25°C et 50 % d’humidité  avec climatisation et l’autre à 30°C et 80 % d’humidité sans climatisation. À ce jeu, le Blu-ray M-Disc dépasse largement toutes les mémoires flash, cassettes, disques durs et même le papier en accusant sa première erreur qu’après 1000 ans à 25°C et 50 % d’humidité. Millenniata avait déjà fait l’actualité en 2013 avec le Blu-ray M-Disc, un disque de 25 Go disposant d’une durée de vie théorique de 1000 ans, tout comme son équivalent DVD présenté en 2011. Ce n’est qu’après cette série de tests qu’il est possible de déterminer une durée de vie toute relative pour un disque.

Image 3 : Blu-ray : une durée de vie de 2000 ans, ça sert à quoi ?

Qu’en est-il du disque lambda ?

Ces prouesses théoriques ne touchent que certains disques. Actuellement, le DVD et le CD ont tous deux une durée de vie comprise entre 4 et 10 ans pour un modèle gravé, l’écart se justifiant par les différences de qualité entre les différents modèles du marché. Un disque commercial est pressé et gagne quelques années supplémentaires. Pour un Blu-ray lambda, « on peut s’attendre à ce que leur durée de vie soit inférieure à celle des DVD », explique Franck Laloë, directeur de recherche au CNRS, à ohmonlabo.fr. En cause, une gravure plus fine et donc plus sensible aux agressions extérieures.

Cela n’empêche pas pour autant d’atteindre une durée de vie estimée de 50 ans avec un disque Panasonic, marque la mieux notée lors de l’étude de la « qualité des disques Blu-ray enregistrables pour l’archivage des données numériques », réalisée en 2012 par les Laboratoires de Trappes pour le compte du Ministère de la Culture et de la Communication. Panasonic est allé plus loin avec l’Archival Blu-ray Disc Media en mesure de s’octroyer une durée de vie de 100 ans.

Bien choisir son BD-R

En tant que particulier, il faut savoir que deux Blu-ray ne se valent pas. À l’instar des DVD, il existe plusieurs niveaux de qualité. La famille Blu-ray inscriptible se divise ainsi : BD-R HTL (high to low) et BD-R LTH (low to high). Les LTH utilisent un colorant organique qui entraîne une dégradation plus rapide. Il vaut donc mieux suivre le choix des Archives Nationales et préférer les HTL. Pour ne pas les rater, il faut faire attention à trouver cette référence sur l’emballage. Si ce n’est pas le cas, on peut se fier à la coloration de la face à graver. Sur un BD-R HTL, elle est légèrement plus claire que sur un BD-R LTH.

Image 4 : Blu-ray : une durée de vie de 2000 ans, ça sert à quoi ?BD-R HTL de Panasonic

Écrasé par le Cloud en 2017

Le disque n’est pas seul à évoluer. Le support de stockage en général est en perpétuelle mutation. Désormais, on parle plus de Cloud que de DVD ou Blu-ray. Une étude du cabinet SNL Kagan, parue en 2009, avance que le marché du Blu-ray vidéo aura rejoint et dépassé celui du DVD en 2017. Problème, il se retrouvera alors confronté à la VOD qui le mangera tout cru. On en veut déjà pour preuve la prolifération et le succès des services de streaming tels que CanalPlay, Netflix ou encore OCS. La musique aussi se met au diapason avec Spotify, Deezer, Beats Music ou encore Qobuz pour les aficionados du son. Enfin, les souvenirs, photos et vidéos trouvent également leurs voies dans des services de stockage en ligne tels que Picasa, Google Drive ou Dropbox. Bref, ce n’est pas que le marché disque qui est sur la pente descendante, c’est tout le stockage physique qui est en passe de péricliter.

Au final, qui donc aura encore besoin des Blu-ray, DVD ou CD dans quelques années ? Les collectionneurs. Ce sont eux qui vont tenter coûte que coûte de sauvegarder ces galettes, de la même manière qu’ils sauvegardent déjà le patrimoine vidéoludique aux formats cartouche et cassette ou la musique avec les vinyles. Pour eux, un contenu pressé professionnellement sur un élément hautement qualitatif présente un intérêt, mais gageons que d’ici 2000 ans, ils n’auront plus à compter sur un Blu-ray pour parfaire leur collection.

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