Tsunamis, violentes éruptions, ondes de chocs, que se passe-t-il aux Tonga ?

Un volcan sous-marin est entré en éruption de façon spectaculaire dans le royaume des Tonga. Extrêmement violente, l’onde de choc de l’éruption volcanique aura même été ressentie jusqu’au Royaume-Uni, un pays situé à plus de 16 000 kilomètres du volcan. Mais que s’est-il passé et pourquoi était-ce si violent ? On revient rapidement sur cet événement catastrophique.

Éruption Hunga Tonga-Hunga Ha'apai
Éruption Hunga Tonga-Hunga Ha’apai capturée par le satellite Himawari 8 (image du domaine public)

« Ça a tout simplement mal tourné » expliquait Chris Vagasky, météorologue chez Vaisala, une société de mesure météorologique basée en Finlande, à National Geographic. « Nous commencions à avoir 5 000 ou 6 000 événements par minute. C’est une centaine d’événements par seconde. C’est incroyable » aura-t-il ajouté. Mais pourquoi l’éruption volcanique en Polynésie était-elle si violente ? On vous explique.

Ce qu’il s’est passé : une éruption volcanique d’une ampleur exceptionnelle

Le royaume des Tonga est un État de Polynésie situé ici, à l’est de l’Australie et des Fidji, comportant plus de 170 îles du Pacifique Sud. Le mot tonga vient de fakatonga, qui signifie « vers le Sud », en tongan, car l’archipel est le groupe le plus méridional des îles de la Polynésie centrale.

Il y a quelques semaines à peine, le volcan sous-marin Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, tout justement situé aux Tonga, a commencé à discrètement entrer en éruption. Son activité éruptive s’est ensuite brusquement intensifiée. D’imposantes colonnes de cendres se sont mises à produire des quantités record d’éclairs, faisant totalement disparaître les environs du volcan de l’imagerie satellite.

Puis, le 15 janvier au matin, l’atmosphère a été balayée par une onde de choc émanant de l’île. Le bang supersonique a été entendu dans certaines parties de la Nouvelle-Zélande à plus de 2 000 kilomètres de distance, l’onde de choc ayant fini par voyager à l’autre bout du monde, jusqu’au Royaume-Uni, situé à une distance stupéfiante de 16 000 kilomètres.

« Une telle explosion se produirait environ une fois tous les mille ans » selon National Geographic.

Quelques heures plus tard et à la grande horreur de tous, un tsunami a rapidement frappé Tongatapu, l’île principale du royaume qui abrite la capitale Nuku’alofa, située à quelques dizaines de kilomètres au sud du volcan. Les communications ont été interrompues, les rues inondées. Les vagues de tsunami ont provoqué des surtensions en Alaska, en Oregon, dans l’État de Washington et en Colombie-Britannique. Des stations en Californie, au Mexique et dans certaines parties de l’Amérique du Sud ont également enregistré des vagues de tsunami.

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Tsunamis, violente onde de choc, éclairs : la communauté scientifique tente d’expliquer la violence de l’éruption aux Tonga

« À ce stade, il y a beaucoup plus de questions que de réponses », a déclaré Janine Krippner, une volcanologue, à Nat Geo. Toutefois, comme l’explique le journal, Hunga Tonga-Hunga Ha’apai est situé dans une région du Pacifique Sud qui regorge de volcans. Et beaucoup ont « un penchant pour les éruptions violentes ». Le glissement de la plaque pacifique, une plaque tectonique de la lithosphère de la planète Terre, sous la plaque australienne en est l’une des principales raisons.

Dans les grandes lignes, au fur et à mesure que la plaque descend, l’eau chauffe et fait fondre les roches, créant du magma collant et rempli de gaz. Une recette explosive, pour des éruptions explosives, en somme. Mais ce n’est pas tout. Les particules de cendres se sont heurtées les unes aux autres, ainsi qu’avec des morceaux de glace dans l’atmosphère, générant de nombreuses décharges électriques et donc, beaucoup d’éclairs.

Volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai
Volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai avant l’éruption © CNES, Airbus DS, NASA

Ces éclairs ont été détectés dès le début de l’éruption par le réseau GLD360 de Vaisala, qui utilise une distribution mondiale de récepteurs radio qui peuvent « entendre » la foudre sous forme d’intenses rafales d’ondes radio. Si quelques milliers de flashs étaient entendus par jour il y a quelques semaines, le volcan en produisait des dizaines de milliers le 15 janvier. Près de 200 000 décharges ont été détectées en une seule heure samedi matin, un phénomène qui n’avait jamais été vu auparavant, selon l’un des météorologues de Vaisala.

Le volcan étant difficile d’accès, la communauté scientifique tente encore de savoir pourquoi il y a eu autant d’éclairs. La chaleur de l’éruption aurait transporté de la vapeur d’eau dans les parties les plus froides et les plus élevées de l’atmosphère, où elle se serait transformée en glace, nous explique Corrado Cimarelli, volcanologue expérimental à l’Université Ludwig Maximilian de Munich. Cela aurait fourni une énorme quantité de particules supplémentaires pour que les cendres entrent en collision et génèrent autant d’électricité.

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Après l’explosion, l’onde de choc aura ricoché à travers le monde à une vitesse vertigineuse. Les tsunamis en revanche, reste inexpliqués. On imagine toutefois que les conséquences d’une telle éruption volcanique sous-marine peuvent être dévastatrices et provoquer la chute de nombreuses roches. Bien que n’étant pas la cause du plus gros tsunami, l’onde de choc en elle-même aura déclenché une autre grosse vague : le mouvement de l’air était assez puissant pour forcer l’eau à s’écarter, un phénomène appelé tsunami météorologique.

« La plus grande inconnue en ce moment, et c’est qui compte vraiment, c’est que nous ne savons pas comment vont les gens aux Tonga » a déclaré Janine Krippner à Nat Geo. Selon le New Zealand Herald (via Courrier international), le câble de communication de 827 kilomètres qui relie les Tonga aux Fidji aurait été coupé en pleine mer à cause de la violence du tsunami, impliquant un blackout qui pourrait durer pendant des jours. Si les données sont encore en cours d’analyse et que rien n’indique qu’elle est terminée, cette éruption, a ajouté l’un des météorologues interrogés chez Nat Geo, « pourrait être incroyablement dévastatrice pour le pays ».

Sources : National Geographic, Vaisala, Courrier international

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