Test Lidl Crivit X, que vaut ce vélo électrique urbain et abordable ?

On ne présente plus Lidl tant l’enseigne allemande s’est taillée, en 35 années de présence en France, une solide réputation en matière de positionnement tarifaire agressif. L’offre est aujourd’hui immense et organisée en marques dont les plus connues sont certainement aujourd’hui Silvercrest dont le robot ménager connecté (Mr Cuisine) fait régulièrement le buzz et Parkside pour le rayon bricolage riche par exemple de nombreux outils électroportatifs au prix inférieur aux grands noms du secteur.

Chez Lidl, une bonne partie des produits liés au sport sont quant à eux regroupés sous la bannière Crivit. Un segment que l’entreprise de distribution née en 1930 entend fortement développer, y compris vers le haut de gamme avec l’arrivée de Crivit Pro pour certains équipements. Le vélo électrique Crivit X fait beaucoup parler de lui avec son cousin très proche le Crivit Y, en premier lieu, on s’en serait douté, pour leur prix serré de 1199 €.

Ces deux vélos urbains se distinguent simplement par le design de leur cadre : classique pour le premier et à enjambement bas pour le second. Une offre simplifiée donc pour ne pas dérouter les consommateurs qui n’auront en sus pas le choix de la taille. Reste à savoir s’il dispose des arguments nécessaires pour entrer dans notre guide des meilleurs vélos électriques.

Prix et disponibilité

Le Crivit X arrive donc sur le marché, du moins en théorie, car le processus de commercialisation des produits Lidl suit un schéma plutôt particulier. Comme une perceuse ou un cuiseur de riz, ce VAE peut apparaître ou disparaître en quelques minutes du catalogue ou plutôt de la boutique en ligne Lidl, car ce vélo n’est, pour l’heure en tout cas, pas commercialisé dans les 1550 magasins que compte Lidl en France.

Aujourd’hui, il est en cours de réapprovisionnement par exemple. Cette disponibilité plutôt aléatoire sur laquelle la marque ne communique pas est combinée à une tarification fluctuante. Ainsi, le Crivit X a été lancé à 1199 € avant de passer à 1399 €, mais impossible de savoir si le vélo ne reviendra pas à son prix de départ un jour… Une incertitude presque ludique. Certains n’hésitent pas à dire que cette politique entretient le buzz et l’attente.

Quelles caractéristiques générales pour le Crivit X de Lidl ?

Le VAE s’appuie sur un ensemble cadre/fourche en aluminium noir mat. Les finitions sont correctes avec des soudures visibles, mais d’apparence robustes. Le logo Crivit est extrêmement discret et la peinture correctement appliquée même si elle ne semble pas particulièrement épaisse. Les créateurs du vélo ont opté pour des roues de 27,5 pouces pour un bon compromis entre stabilité et maniabilité. Les pneus Kenda demeurent assez étroits et proposent une bande de roulement au profil urbain avec cependant des rainures favorisant l’évacuation de l’eau.

Notons également la présence sur tout le pourtour du pneu d’un jonc réfléchissant qui rend le vélo très visible lorsqu’il croise les phares d’une voiture. Ce dispositif est bien entendu complété par un ensemble de feux LED avant et arrière et des catadioptres.

Pour en finir avec les roues, un détail nous chagrine d’emblée : elles sont fixées par un système à levier classique. Cela permet un démontage rapide et sans outil, pratique donc en cas de crevaison, mais idéal aussi pour un éventuel voleur. Si votre Crivit X passe du temps dehors, penser à faire passer une chaine ou un câble antivol dans les deux roues.

Des garde-boues en plastique noir sont également présents ainsi qu’une béquille latérale fixée à la base gauche du cadre.

Le poste de pilotage se compose d’une potence et d’un cintre monobloc. C’est un plus pour la solidité et pour la fluidité des lignes, mais cela limite forcément un peu les possibilités de réglage puisqu’il n’est pas possible de modifier l’angle du guidon. L’utilisateur pourra donc simplement agir sur l’orientation des commandes et sur la hauteur globale. Celle-ci s’appuie sur des cales en plastique. Par défaut, nous sommes au plus haut. Pour abaisser la potence, il faut jouer les mécaniciens et même de la scie au niveau du pivot de la fourche. Autant dire que l’opération, qui ne posera aucun souci à un professionnel, risque d’effrayer monsieur et madame tout le monde.

Le guidon accueille une sonnette, un élément de sécurité dont la présence est obligatoire en France, et des poignées ergonomiques. La selle offre, quant à elle, un profil relativement étroit par rapport à ce que l’on peut croiser sur certains vélos de ville. Cela facilite la vie dans les passages les plus étroits ou lorsqu’il s’agit de glisser le vélo dans la rame d’un RER.

Comme nous l’indiquions en préambule, ce vélo est en taille unique. Il correspond à un 57 cm et s’adresserait selon la marque à des personnes mesurant entre 1 m 70 et 1 m 95. Évidemment ce choix ne permet pas d’obtenir un vélo correspondant parfaitement à sa taille : les constructeurs classiques proposent souvent 4 tailles différentes.

Quelles caractéristiques mécaniques pour le Crivit X ?

Le Crivit X s’appuie sur un moteur Mivice M080 250 W qui occupe le haut du segment de ce type de motorisation placée dans le moyeu de la roue arrière. Compact avec son diamètre de 108 mm et plutôt léger (2,5 kg au total avec son contrôleur et son capteur de couple), ce moteur délivre un couple maximal de 40 Nm, un chiffre solide pour système moyeu.

Notons que ce moteur répond à la norme d’étanchéité IP65. Il résiste à une immersion totale : ce n’est pas le but du vélo, mais on peut cependant affirmer qu’une grosse pluie ne devrait pas endommager le moteur. Celui-ci se contrôle par le biais d’une console parfaitement intégrée au tube supérieur du cadre.

La marque a choisi de ne pas jouer la surenchère comme certains concurrents qui imposent d’immenses écrans LCD noyant d’informations le cycliste. Ici, il aura simplement deux boutons : un pour allumer le vélo et l’autre pour faire varier le niveau d’assistance (4 intensités + une position OFF). Un bandeau de 5 LED indique le réglage actif et la charge de la batterie. Celle-ci forme un bloc avec la tige de selle. Elle vient donc se glisser dans le cadre dans un positionnement a priori plutôt favorable à l’équilibre des masses. Elle affiche une honorable capacité de 360 Wh, soit la même chose qu’un Cowboy 4 par exemple.

Le cycliste peut faire varier la hauteur de selle comme sur un vélo classique. Le chariot permet d’ajuster l’avancement de la selle et de faire en sorte qu’elle demeure parfaitement horizontale, un paramètre important pour éviter des problèmes de fessier parfois très douloureux. Pour ajuster la hauteur de selle, il faut déverrouiller le tout avec un levier qui est surdimensionné par rapport au dispositif que l’on croise habituellement. S’il se manipule très facilement, sa taille pourra un peu gêner certaines morphologies dans un premier temps tout du moins, car on s’y habitue très vite. Une fois votre hauteur de selle ajustée, il est possible de verrouiller le tout via une serrure pour éviter le vol.

La batterie peut se recharger de deux manières. Lorsqu’elle est en place tout d’abord, il suffit simplement de débrancher le câble torsadé la reliant au moteur pour y placer le bloc secteur à la place. Autre possibilité enlever le bloc batterie/selle pour une recharge tranquillement à la maison ou au bureau.

Pour la transmission, on peut que saluer le choix de Lidl de se passer de chaine, une pièce relativement fragile nécessitant un entretien et une lubrification avec en prime le risque de salir le bas des pantalons. Vous l’aurez compris, nous trouvons à la place une courroie, un composant fiable qui ne nécessite aucun entretien au-delà d’un petit brossage de temps en temps. Vous n’aurez pas à la lubrifier et donc aucun risque de salissure. De plus, les transmissions par courroie sont généralement plus silencieuses.

Deux contraintes, cependant. La première est que cette pièce est d’un seul tenant. Pour la mettre en place ou la remplacer, la partie droite du cadre doit pouvoir être ouverte. Une architecture un peu particulière doit donc être prévue. La seconde est le choix en matière de transmission est plus limité. Le classique duo cassette/dérailleur ne fonctionne pas avec une courroie.

Pour avoir des vitesses, il faut passer par un moyeu spécial type Shimano Nexus ou Enviolo qui est incompatible avec la présence d’un moteur électrique arrière. Le Crivit X se passe donc de vitesse. C’est un « singlespeed » qui s’adresse à une utilisation urbaine avec peu de pentes à affronter. Point positif, cela simplifie encore la mécanique en réduisant d’autant les risques de casse et les réglages.

Passons à présent au freinage. Sur le papier, le choix est bon, très bon même avec des freins hydrauliques Tektro ayant largement fait leurs preuves. Les disques proprement dits présentent un diamètre classique, soit 160 mm.

Un confort… relatif

Avant de prendre la route, nous effectuons les réglages de bases à commencer par la hauteur de selle. Situé dans la tranche de taille indiquée par la marque, nous partons donc confiants, mais il faut se rendre à l’évidence : la plage de réglage offerte par la tige de selle/batterie est un peu limitée, surtout vers le bas. En clair, les personnes de moins de 1 m 75 devraient s’orienter vers le modèle Y : le cadre est assez haut donc et malgré le tube supérieur slooping (il s’incline de l’avant à l’arrière) les cyclistes débutants pourront se sentir peu à l’aise. Globalement, la position proposée par ce VAE est dynamique, voire sportive. Le buste est assez penché vers l’avant, et ce malgré la potence réglée au plus haut. Cette position est plutôt favorable au rendement, mais elle n’est pas la plus confortable qui soit, surtout pour les lombaires. Il est fort à parier que certaines personnes pourraient rapidement sentir quelques picotements voire de vraies douleurs.

Avoir la tête dans le guidon limite mécaniquement la vision périphérique, un élément phare lorsqu’il s’agit d’anticiper les dangers de la circulation urbaine. En revanche, les plus sportifs apprécieront cette position ainsi que le guidon très étroit qui, allié à la fourche droite, permet de placer la roue avant où l’on veut avec un peu de pratique. Le Crivit X est donc très maniable, joueur, mais aussi pas franchement confortable au-delà de sa géométrie.

Dénué de suspension, il propose en plus un cadre en aluminium dont les tubes de forte section n’absorbent pas vraiment les vibrations et les chocs venus de la route. La moindre rainure, le moindre défaut du macadam remontera automatiquement jusqu’à la selle et le guidon. On sent vraiment la route donc et ce d’autant plus que les pneus demeurent assez étroits et rigides. Un vélo zéro filtre en quelque sorte. Sans surprise, les pavés mettent à mal le corps du cycliste et la stabilité du vélo.

En revanche, les grips se sont montrés plutôt agréables tout comme la selle à l’allure pourtant basique. Elle est plus étroite que la moyenne et d’apparence moins « moelleuse » que ce qui est proposé par certains concurrents, mais son profil plus sportif nous a convenu.

Silencieux, puissant et autonome

Le Lidl Crivit X est très silencieux grâce à sa fameuse courroie de transmission à base de caoutchouc. Simple et efficace, celle-ci pourrait venir ôter un peu de polyvalence à ce vélo dénué de vitesses. Dans les faits, au cours des quelques jours d’utilisation dans les rues parisiennes, le Crivit X nous a permis de nous affranchir sans trop de mal des plus fortes pentes croisées parfois volontairement. Il dispose pour cela d’une arme pas si secrète que cela : son moteur. Celui-ci offre une sensation de puissance tout simplement bluffante.

Le couple impressionne et procure au vélo une capacité d’accélération peu commune. Le démarrage à un feu vert est instantané pour peu que l’on appuie un peu fort sur les pédales pour s’extraire d’un sas vélo. Cette puissance est délivrée d’une manière intelligente grâce au capteur de couple et à une partie logicielle aboutie : on ressent la puissance, mais celle-ci arrive certes de manière très dynamique, mais jamais violente.

Un compromis idéal, surtout pour le cycliste confirmé qui appréciera ce caractère. Notons que le moteur produit un très léger bruissement, il est nettement plus silencieux que les moteurs centraux de type Bosch ou Shimano.

Un bémol cependant. Sur notre vélo de test qui nous a été prêté par un lecteur, les différences entre les nombreux modes d’assistance ne nous ont pas vraiment sauté aux yeux. Tout juste peut-on ressentir une nervosité au démarrage légèrement moindre sur le plus faible niveau d’assistance, mais cela reste subtil. Est-ce un problème concernant uniquement notre destrier ? Difficile à dire sachant que le support technique ne se fait que par voie électronique ou par email. En tout cas, cela n’entrave pas vraiment le plaisir d’utilisation.

L’autonomie constitue une autre excellente surprise. En effet, les 70 km annoncés ne nous semblent pas irréalistes. Dans le cadre d’une utilisation dynamique et avec nos 80 kg, nous avons sans problème dépassé les 50 kilomètres après quelques incursions sur les pentes de Montmartre.

Passons maintenant au freinage. En optant pour un système hydraulique, Lidl limite les petits entretiens tels que l’ajustement de la tension de câbles. En contrepartie, un gros entretien sera dans la plupart du temps hors de portée du cycliste moyen. On pense notamment à la purge du liquide de frein, une purge annuelle est généralement préconisée. En attendant, vous profitez d’un freinage puissant, mais facilement contrôlable, y compris par les débutants ou tout simplement les personnes les moins à l’aise. À haute vitesse, il faut bien descendre une fois arrivé en haut de la Butte, un freinage de confiance est indispensable et sur ce plan nous n’avons pas été déçus.

Le vélo en lui-même est stable et les pneus procurent un grip convenable. En fin de parcours, la nuit est là et nous pouvons donc mettre à l’épreuve le dispositif d’éclairage du vélo. À l’arrière, le feu est efficace et bien visible grâce à sa position haute. Le feu avant suffit pour être vu dans une rue bénéficiant d’un éclairage urbain. En revanche, si vous vous aventurez sur des voies non éclairées, il se montre insuffisant. Il faudra alors s’équiper d’un phare plus puissant à monter en accessoire.

Notre verdict