L’arrivée de l’IA générative dans les résultats de recherche Google bouleverse le web. Les clics s’effondrent, les éditeurs s’inquiètent et un nouvel Internet, pensé pour les robots, émerge.
La fin du Web tel que nous le connaissons ?
Depuis mai 2025, le paysage du web a connu une secousse majeure. Google, le géant de l’Internet, a étendu sa fonctionnalité baptisée AI Overview dans plus de 200 pays et 40 langues.
Cette innovation technologique, qui consiste à générer automatiquement des synthèses de réponses aux requêtes des internautes, modifie en profondeur la manière dont les contenus en ligne sont consultés. Les utilisateurs se voient désormais présenter des résumés directement dans les résultats, souvent suffisants pour ne plus avoir besoin de cliquer sur les liens sources.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre
Depuis lors, les taux de clics vers les sites web sont en forte baisse. Les impressions, elles, continuent d’augmenter. Cela signifie que les pages apparaissent toujours dans les résultats de recherche, mais que les utilisateurs ne visitent plus nécessairement les sites concernés.
Plusieurs analyses confirment cette tendance. D’après les données de Similarweb, on constate une diminution de l’ordre de 20 % des clics sur les pages intégrant une réponse générée par l’IA. La plateforme Ahrefs, de son côté, révèle une chute moyenne de 34,5 % du taux de clic sur des pages classées en tête de résultats lorsqu’une synthèse AI est affichée.
Ce recul du trafic a un impact tangible sur l’activité économique de nombreux sites
Des entrepreneurs indépendants, comme Morgan McBride du site Charleston Crafted, voient leur audience s’effondrer (une baisse de 70 %) avec à la clé une chute de 65 % de leurs revenus publicitaires. Des médias traditionnels comme MailOnline notent également des baisses dramatiques, avec une perte allant jusqu’à 56 % des clics sur certains articles.
Face à ces bouleversements, certains groupes commencent à se réorganiser. Business Insider a récemment annoncé la suppression de 20 % de ses effectifs pour faire face à ce que la direction qualifie de crise de trafic sans précédent. Si une partie du trafic est désormais générée par d’autres intelligences artificielles comme ChatGPT, qui redirige en majorité vers des sites d’actualité, le volume reste bien inférieur à celui historiquement fourni par Google.
Dans ce nouvel écosystème numérique, les éditeurs doivent adapter leurs stratégies. Selon des experts comme Cyrille Frank, l’avenir du web pourrait passer par une transformation des sites en bases de données, pensées avant tout pour les moteurs de lecture automatisés. L’information ne serait plus produite pour être lue par des humains, mais par des IA.
Même les géants de l’e-commerce, comme Cdiscount, ajustent leurs modèles. Ils ouvrent l’accès à leurs catalogues pour les bots des grands modèles de langage et réorientent leur production de contenu, abandonnant peu à peu les anciennes logiques SEO. Dans cette révolution discrète mais radicale, les acteurs les plus fragiles, petits commerçants, sites de niche, éditeurs indépendants, risquent fort d’en faire les frais.
Source : L’ADN
