Claviers : il n’y a pas que l’Azerty dans la vie

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Azerty, l’exception française

En janvier dernier, le ministère de la Culture a préconisé la création d’un nouveau clavier qui présenterait une disposition de touches plus à même de subvenir aux besoins de la saisie en langue française. Car oui, le clavier depuis lequel est saisi ce texte, tout comme sans doute le vôtre également, est un Azerty, format réfléchi et imposé pour les besoins techniques des premières machines à écrire.

Il faut remonter au XIXe siècle. La grande vitesse de frappe des secrétaires d’alors fait que les barres de caractères se croisent fréquemment et risquent de s’enchevêtrer, ce qui provoque le blocage de la machine. Pour remédier à ce souci, Christopher Sholes met au point le clavier Qwerty en 1878. Cette nouvelle disposition a pour but de ne placer côte à côte que des touches rarement utilisées l’une après l’autre. L’exception française fait une fois de plus des siennes en popularisant une version Azerty dans les années 1890, version toujours d’actualité et adoptée par d’autres pays francophones.

Si la règle est établie, tous ne veulent pas s’y conformer. C’est ainsi que l’on a vu dès les années 30 poindre des dispositions alternatives, le Dvorak en tête. Depuis, de nombreuses variantes ont vu le jour, plus ou moins utilisées et plus ou moins bien pensées.

Concernant le clavier du ministère de la Culture, l’Association française de normalisation (Afnor), qui s’est vu confier le projet, doit rendre un premier jet dès cet été, en tenant compte des langues régionales. Associations, fabricants et éditeurs sont invités à y apporter leurs concours. En attendant, voici un panorama des claviers alternatifs les plus célèbres.  

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Dvorak

Le Dvorak est la première disposition alternative au QWERTY. Inventée par August Dvorak en 1932, elle a pour objectif de remettre les caractères en ordre logique pour une écriture en langue anglaise. Les touches sont disposées de telle manière que les deux mains de l’utilisateur travaillent avec la plus grande alternance, maximisant la vitesse de frappe et l’équilibre. Système le plus connu, le Dvorak est supporté par les principaux OS : Windows, OS X, Linux, mais aussi iOS et Android.

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Bépo

S’il est la plus connu aujourd’hui, le Bépo n’est pas la première disposition française alternative. Il faut attendre les années 70 pour voir la première variante intéressante du Dvorak adaptée à la langue de Molière.

Nommée Marsan, du nom de son inventeur Claude Marsan, elle dénote par l’ajout d’une rangée de caractère. De cinq rangées pour un clavier classique, on passe ici à six, dont quatre dédiées aux lettres, lettres accentuées, sigles et à la ponctuation, contre trois habituellement. Ce clavier Marsan donne naissance à une évolution en 2002 : le Dvorak-fr. Plus proche encore des principes du docteur Dvorak, il est optimisé pour la frappe en l’aveugle à dix doigts. Problème, il n’est pas en distribution libre, ce qui freine son évolution et son adoption dans les milieux avertis. Une ouverture pour le Bépo qui fait son apparition sur la scène du logiciel libre en 2005 dans une version préfinalisée qui en profite pour corriger les défauts du Dvorak-fr.

Son principe de placement définit qu’on ne doit pas avoir recours à la rangée du haut lors de la rédaction d’un texte en français. Les doigts sont ainsi limités à trois lignes de caractères dans la plupart des cas, permettant une frappe plus rapide. Le Bépo conserve un équilibre entre les lettres accessibles par la main gauche et main droite afin qu’elles fonctionnent en alternance. Plus un caractère est usité et plus il se trouve vers le centre du clavier pour être disponible sous les doigts les plus résistants (majeur et index). À l’instar du Dvorak, le Bépo est disponible sur de multiples plateformes : Android, Linux, OS X, BSD, OpenIndiana et Windows.

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Colemak

Créé par Shai Coleman en 2006, le clavier Colemak est très similaire au Dvorak. Lui aussi est à privilégier pour l’écriture en langue anglaise. C’est d’ailleurs la disposition la plus utilisée après ce dernier. Il se différencie principalement du Dvorak en conservant un accès aux touches QWAZXC par la main gauche et donc un accès rapide aux raccourcis qui y sont associés via la touche Ctrl.

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Workman

OJ Bucao, programmeur de profession, souffrait de tendinites et du syndrome du tunnel carpien (RSI) à force de taper du code sur un clavier Qwerty. Pour s’épargner ces douleurs, il s’oriente vers des dispositions alternatives. Il considère tout d’abord le Dvorak puis le Colemak. N’y trouvant pas son compte, il décide d’imaginer son propre clavier. Celui-ci doit soulager ses articulations tout en conservant des touches ordonnées pour une saisie rapide. Il les dispose de manière à éviter un déplacement latéral des doigts et privilégier un déplacement vertical, plus naturel. De plus, les touches ne sont plus en diagonale, mais droites. Il tient également compte des caractéristiques des doigts, de leur longueur et de leur force, pour placer les lettres  au mieux, les plus utilisées tombant sous les doigts les plus forts. Pensée pour l’écriture en langue anglaise, Workman est disponible sous OS X, Windows et Linux.

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Plover

Plover va plus loin que tous les autres claviers alternatifs. Plutôt que de proposer une énième disposition de touches, il se concentre sur la sténographie et attribue des mots ou des syllabes à chaque touche du clavier. Le dictionnaire étant très large, il a recours à des combinaisons de touches qui permettent d’obtenir d’autres mots.

Ainsi, S donne ”can”, D donne ”with” et l’ensemble des deux donne ”request”. Si l’on y ajoute la lettre F, on obtient le mot ”why”. Tous ces exemples mettent aussi en évidence un point linguistique : Plover n’est disponible qu’en anglais. En revanche, il est en open source et peut être téléchargé gratuitement à l’adresse ci-dessous en version Windows, OS X ou Linux.

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Maltron

Maltron est une entreprise spécialisée dans les claviers ergonomiques. Elle construit des périphériques adaptés et pensés pour éviter les microtraumatismes des mains. Leurs deux modèles phares sont les Maltron 2D et Maltron 3D. Ils sont disponibles en Qwerty, Azerty, Dvorak simplifié et dans une disposition spécifique à Maltron pour une écriture en langue anglaise.

Cette dernière est basée sur l’analyse de la fréquence d’utilisation des touches. Les lettres et fonctions les plus utilisées sont placées directement sous les pouces et les doigts en position de repos. Si l’on n’utilise que ces lettres principales (ANISFDTHORE), on peut écrire 7641 mots. Avec un clavier Qwerty, cette même rangée est composée des lettres ASDFGHJKL et ne permet d’écrire que 195 mots. Une différence à l’avantage de la disposition Maltron.

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Plum keyboard

Ce clavier chamboule la disposition physique des touches. La touche Entrée est à côté de la barre ”Espace” et les ”Tab” et ”Retour Arrière” sont au milieu des lettres. L’objectif du Plum est en fait de simplifier et accélérer l’apprentissage de la frappe. Il n’est pas destiné aux utilisateurs avancés, mais aux novices. Sur un clavier Qwerty, il faut entre quatre et six semaines pour voir une progression. Plum atteint le même niveau au bout de deux semaines.

Sa force vient du placement de son alphabet. Les touches forment des mots ou des suites reconnaissables : Plum, Readonthis et WXYZ. Autant de moyens mnémotechniques qui permettent à l’utilisateur de visualiser où se trouve telle ou telle lettre. À noter également que la ligne principale du clavier (Readonthis) regroupe les lettres les plus fréquemment utilisées, réduisant ainsi les mouvements lors de la saisie. Plus qu’une disposition, Plum est un clavier, mais n’est plus produit aujourd’hui. 

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Fitaly

Fitaly est une disposition réservée aux écrans tactiles et plus précisément aux antiques Pocket PC, Palm et autres ordinateurs de poche. Elle ne ressemble à aucune autre puisqu’elle regroupe l’ensemble des lettres dans un carré de touches en 6 x 5. Son objectif est de réduire au maximum la distance à parcourir entre deux lettres avec ou sans stylet. Ainsi, les lettres les plus utilisées en anglais (I, T, A, L, N, E, D, O, R et S sont contenus dans 73 % des mots anglais) sont organisées au centre du clavier Fitaly. Plus on s’en éloigne et plus on a accès aux lettres moins utilisées. Sa version la plus récente est officiellement supportée par les tablettes sous Windows 7. Une version Android est en projet.

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