Fin de l’ADSL et fermeture du réseau cuivre : tout ce qu’il faut savoir

Nous vivons actuellement les dernières heures du réseau ADSL en France, ou plutôt les dernières années. Le fil cuivre va être rangé dans le placard de l’histoire après 150 ans d’utilisation pour le téléphone. Il sera progressivement remplacé par la fibre optique et des technologies alternatives comme la 4G ou la 5G.

Décidée officiellement par Orange en 2022 et dévoilée dans son plan de fermeture, sa fin est programmée pour 2030. Après une première phase de test qui s’est déroulée dans plusieurs communes, l’opérateur a officiellement amorcé le démantèlement du réseau cuivre depuis le 31 janvier 2024. Quelles sont les conséquences de cette fermeture pour le consommateur ? On vous explique tout sur la fin de l’ADSL en France.

🛜 Qu’est-ce que l’ADSL ?

L’ADSL (de l’anglais Asymmetric Digital Subscriber Line), ou liaison numérique asymétrique dans la langue de Molière, est une technique de communication qui consiste à utiliser une ligne téléphonique pour transmettre et recevoir des données numériques, indépendamment de la téléphonie analogique (RTC). L’ADSL utilise un débit ascendant (upload) inférieur au débit descendant (download). Le débit est ainsi dit asymétrique, d’où son nom.

L’ADSL s’appuie donc sur une infrastructure datée, le réseau de fils de cuivre déployés dans les années 1970 pour le téléphone. En effet, plutôt que de se lancer dans un projet pharaonique de déploiement d’Internet en passant par une nouvelle technologie, France Télécom s’est appuyé sur le réseau téléphonique existant pour lancer l’Internet haut débit dès 1999. L’ADSL offrait des connexions avec un débit allant jusqu’à 1 Mo/S. Ce qui était une révolution pour l’époque, étant donné que les modems crachotaient jusqu’alors 56 pauvres kilo-octet par seconde.

En 2023, le réseau cuivre est encore utilisé par un peu plus de 9 millions d’abonnés à l’ADSL. C’est en 2022 que les courbes d’utilisation se sont croisées, le nombre d’utilisateurs de la fibre étant désormais plus élevé. La pandémie et le télétravail sont passés par là, mais c’est un chiffre encore significatif alors que sa fin de vie est programmée pour une date aussi proche que 2030.

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🖥️ Deux mots sur le SDSL et le VDSL

Le SDSL et le VDSL utilisent la même technologie que l’ADSL. En effet, elles utilisent également les lignes téléphoniques pour faire transiter les informations de bout en bout. À l’instar de l’ADSL, le SDSL et le VDSL sont regroupés sous la dénomination xDSL.

La particularité du VDSL (Very-high-bit-rate Digital Subscriber Line) est qu’il propose des débits supérieurs à ceux de l’ADSL, grâce à l’utilisation de fréquences plus élevées, qui limitent les interférences. Le VDSL utilise lui aussi un débit asymétrique, mais propose des débits descendant pouvant aller jusqu’à 100 Mbit/s, contre 20 Mb/s pour l’ADSL. Il est en cela considéré comme un ADSL boosté, et est adapté à des usages plus gourmands.

Le SDSL (Symmetric Digital Subscriber Line) propose quant à lui un débit symétrique. Cela signifie que le débit descendant est égal au débit montant. Ce qui peut être utile dans certains cas et notamment pour répondre aux besoins des entreprises, qui hébergent leurs serveurs web ou des applications en mode SaaS, utilisent la téléphonie IP, réalisent des transferts de données importants, ou des visioconférences avec de nombreux collaborateurs. Le SDSL atteint des débits très légèrement moins performants que ceux de l’ADSL, avec un maximum de 16 Mbit/s.

🔌 Qu’est-ce que le réseau cuivre ?

Le chantier du réseau cuivre a été lancé par la Direction générale des télécommunications dans les années 1970. Le projet a ensuite été poursuivi par son héritier France Télécom. S’il était initialement destiné à faire passer le téléphone partout en France, le réseau cuivre a ensuite servi à déployer Internet, puis la télévision par le câble, alias la TNT.

Plusieurs décennies ont été nécessaires pour déployer ce réseau qui représente plus d’un million de mètres de câbles répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain. France Télécom, qui était jusqu’alors une administration publique gérée par l’Etat, s’est progressivement privatisée pour répondre aux exigences européennes. Lorsque le secteur des télécommunications s’est ouvert à la concurrence en 1998, l’entreprise a hérité de tout ce réseau à titre privé. En 2013, France Télécom a changé de nom pour devenir Orange. Aujourd’hui encore, c’est cet opérateur qui est propriétaire du réseau cuivre en France.

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❌ Pourquoi est-ce la fin de l’ADSL ?

C’est un réseau vieillissant, trop fragile et qui coûte extrêmement cher à entretenir, puisqu’il représente pas moins de 500 millions d’euros de charges d’exploitation annuelles pour Orange. Par ailleurs, la raison pour laquelle il a été initialement déployé n’est plus valable. En effet, le téléphone peut tout aussi bien passer par la fibre.

D’autres techniques de télécommunications sont maintenant beaucoup plus efficaces. En effet, le cuivre est plus sensible aux aléas météorologiques, ainsi qu’à l’humidité. Il est de surcroît bien plus énergivore que la fibre optique, puisqu’un abonnement qui utilise le cuivre consomme 4 fois plus de kWh que la fibre. Cette dernière offre surtout un débit jusqu’à 100 fois plus élevé que celui de l’ADSL. Dans de telles circonstances, le cuivre ne peut pas rivaliser avec la fibre en 2024, à l’heure où les besoins en données des internautes sont de plus en plus élevés. Que cela soit pour le cloud gaming, le jeu en ligne, ou encore le streaming vidéo, les faibles débits proposés par l’ADSL ne font plus le poids.

De plus, maintenir deux réseaux en parallèle n’aura plus aucun sens, une fois que toute la France sera raccordée à la fibre. Orange s’est donc donné huit ans pour démanteler l’ADSL, avec une fin prévue en 2030, qui coïncide avec le déploiement total de la fibre.

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🆚 Comparaison des performances de l’ADSL et de la fibre optique

Pour visualiser rapidement les écarts de performances entre les différentes technologies, nous avons réuni leurs débits maximum et latence dans le tableau ci-dessous. Pour rappel, les débits annoncés sont théoriques.

	ADSL (cuivre)	SDSL (cuivre)	VDSL (cuivre)	Fibre
Débits descendants maximum	20 Mbit/s	16 Mbit/s	100 Mbit/s	8 Gbit/s
Débits montants maximum	2 Mbit/s	16 Mbit/s	30 Mbit/s	8 Gbit/s
Latence	10 à 50 ms	10 à 50 ms	5 à 30 ms	moins de 5 ms

🏙️ Quand est-ce que le réseau ADSL sera définitivement fermé ?

Orange prévoit l’arrêt progressif des services liés à l’ADSL. Si tout se passe comme prévu, le réseau cuivre devrait être totalement fermé d’ici 2030. L’opérateur a dévoilé son plan d’action pour les années à venir. Au total, pas moins de 3136 communes seront débranchées d’ici à 2027. Voici comment le démantèlement va s’articuler :

• Un premier lot de 162 communes d’ici janvier 2025 ;
• Un deuxième lot de 829 communes en janvier 2026 ;
• Un troisième lot de 2145 communes en janvier 2027.

Afin de savoir quand l’ADSL s’arrêtera dans votre commune, vous pouvez consulter notre carte dédié. En sélectionnant le pictogramme associé à votre commune, vous verrez si cette dernière est concernée pour le moment, et le cas échéant, vous pourrez visualiser pour quand est prévue l’arrêt du réseau cuivre.

Vous pouvez également utiliser cet outil mis à disposition sur le site du gouvernement, ou la carte interactive d’Orange. En renseignant votre ville ou code postal sur cette dernière, vous pourrez voir si votre ville est concernée.

🤔 Quelles conséquences pour les autres opérateurs ?

Pour Free, cela ne fait aucun doute, il faut fermer le cuivre. Ainsi, Xavier Niel veut supprimer rapidement l’ADSL partout en France. Auditionné par la commission des finances du Sénat, le PDG de Free déclarait que la suppression du réseau cuivre en France prenait trop de temps et qu’il fallait obliger les derniers “irréductibles” de l’ADSL à changer d’abonnement, pour passer à la fibre ou à des alternatives satellites ou 4G/5G.

Pour lui, le maintien du réseau cuivre profiterait à Orange, qui bénéficie du dégroupage, c’est-à-dire de la redevance que payent les autres opérateurs à Orange pour utiliser son réseau cuivre et proposer des abonnements ADSL. En effet, il faut savoir que sur chaque abonnement de ce type, Orange touche une commission qui lui donne, selon le PDG d’Orange, “une formidable rente de situation“. De plus, l’Arcep, l’autorité régulatrice des communications électroniques, a décidé d’une hausse de ce tarif, qui passe de 9,65 euros à 10,04 euros par mois. Cette décision a mis le feu aux poudres, déclenchant l’ire des autres opérateurs, qui sont désormais en guerre avec l’Arcep et Orange.

🤷‍♂️ Quelles conséquences pour le consommateur ?

La fin programmée du réseau cuivre signifie tout d’abord que les offres ADSL ne seront plus disponibles à l’abonnement chez les opérateurs. Cette fermeture commerciale devrait intervenir d’ici 2026. Le PDG d’Orange appuiera alors sur le gros bouton rouge pour éteindre le réseau, du moins comme on aime à se l’imaginer. Les services qui l’utiliseront encore cesseront alors de fonctionner. Ainsi les téléphones branchés à une prise en T ainsi que l’abonnement à l’ADSL ne marcheront plus. Cette fermeture technique se fera progressivement, avec un aboutissement du projet prévu pour 2030.

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S’ils souhaitent continuer à profiter de leurs services (Internet, téléphone fixe et TV), les “irréductibles de l’ADSL” seront alors contraints de passer sur une offre fibre, ou à défaut une offre 4G/5G ou satellite, s’ils ne sont pas éligibles. Pour information, l’État prévoit une aide pour les consommateurs situés dans les zones blanches, qui n’ont pas accès à cette technologie et souhaitent profiter du Très Haut Débit.

Les opérateurs seront tenus de prévenir les consommateurs en amont par mail ou courrier postal, afin que ces derniers puissent anticiper l’arrêt de leurs services et prendre une décision une conséquence. Ils devront également leur proposer des alternatives abordables, sachant qu’ils n’auront pas choisi de leur plein gré d’opter pour cette technologie. Les offres de fibre optique étant généralement un peu plus chères que les offres ADSL. On imagine que les clients en transition seront orientés vers des offres d’entrée de gamme, dont les prix seront réajustés pour coller aux anciens tarifs de l’ADSL. Seuls les clients qui souhaitent profiter des meilleurs débits auront à payer plus chers.

À noter que les fournisseurs n’auront pas le droit de contacter les clients des concurrents. En revanche, le consommateur sera bien entendu libre de choisir l’offre d’un autre opérateur s’il le souhaite.

📡 Quelles sont les alternatives à l’ADSL pour les consommateurs non éligibles à la fibre ?

Si leur habitation n’est pas connectée à la fibre, les habitants devront alors faire réaliser des travaux pour apporter la fibre jusqu’à chez eux. Ce genre de travaux peuvent être plus ou moins lourds, selon la proximité du réseau fibre dans la commune. Parfois, il ne s’agira que du passage d’un technicien. D’autres fois, cela impliquera des travaux de génie civil beaucoup plus lourds sur leur terrain. Ces travaux sont à la charge du particulier. Cette décision reste ultimement au choix du consommateur, mais certaines maisons isolées pourraient alors perdre beaucoup de valeur si elles ne sont pas connectées à la fibre.

Pour éviter les travaux, les consommateurs pourront se tourner vers des technologies alternatives comme la 4G, la 5G, voire le satellite. Le fournisseur Starlink propose une offre par satellite de qualité. Attention cependant, ces technologies sont affectées négativement par les conditions météorologiques ou par le nombre de personnes qui les utilisent en simultané. De plus, elles sont souvent rationnées en volume de données et n’offre parfois pas l’accès à la télévision. Certains autres usages sont parfois impossibles, comme la visioconférence ou les jeux en ligne, car ils nécessitent une bonne latence, et elles sont aussi plus chères. Il faudra donc espérer que le paysage de ce type d’offres s’améliore d’ici 2030.

Pour ceux qui ne voudront pas d’une box Internet mais seulement d’un service téléphonie fixe, ce sera le même traitement, puisque le téléphone fixe passera alors par les câbles de fibre optique. Il ne sera pas possible de souscrire seulement à une offre de téléphonie fixe pour contourner ce problème. Le téléphone portable deviendra donc incontournable et il sera difficile de faire sans, encore plus qu’aujourd’hui.

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